
Avec Vincent, Rémi, Pascal et Thomas …
Nous étions cinq valeureux au départ : Vincent, Rémi, Pascal, Thomas et moi. Après de longues heures d’attente dans le parc des expositions de Saint-Étienne, nous entrons enfin dans le sas de départ, plongés dans la nuit stéphanoise.
Minuit. Le départ est donné.
L’émotion est palpable. On s’élance dans l’inconnu, guidés uniquement par nos frontales. La magie opère.
Mais très vite, les conditions deviennent dantesques. Sept heures de pluie ininterrompue. Une pluie froide, cinglante, qui finit par traverser nos équipements supposés étanches. Le moral de nombreux coureurs vacille.
Il faut s’adapter. Avancer coûte que coûte. Se ravitailler rapidement pour ne pas se refroidir. Boire malgré le froid, manger dès qu’on peut, et absorber un maximum de soupe chaude pour tenir.
Et pourtant… malgré tout cela, la magie continue d’opérer : le départ, l’ambiance nocturne, les éléments qui se déchaînent — c’était ça, une “vraie SaintéLyon”, à la hauteur de sa réputation.
Des souvenirs d’enfance me reviennent. J’ai en tête le Raid Gauloises, ces images de participants embourbés, se battant pour avancer en équipe. C’était pour moi l’idée d’une aventure extrême.
Et là, sans vraiment l’avoir anticipé… j’y étais.
Dans la nuit noire, un long serpent de lumière ondule sur les coteaux du Lyonnais. Chacun avance, frontale vissée sur la tête. Nous sommes tous dans la même galère.
Ce n’est plus une question de performance physique. Ce sera une épreuve de résistance mentale.
Le premier ravitaillement, sous une tente chauffée, me fait l’effet d’un choc thermique. Ressortir avec un collant trempé me glace sur place. Il me faudra 20 bonnes minutes pour me réchauffer en courant. J’ai douté… mais j’ai tenu.
À chaque ravitaillement, les cars des abandons se remplissent. Une petite voix intérieure commence à discuter :
> “Non, Raphaël, on tient bon. La pluie me ruisselle sur le visage. Mes vêtements sont trempés, mais ils me protègent encore. On s’accroche. On continue.”
Les montées se font sous des trombes d’eau. Dans une cuvette, l’eau monte jusqu’aux genoux.
Et c’est là que j’ai compris : je pouvais faire face.
Aller au-delà de l’adversité. Accepter. M’adapter. Être résilient.
Le parcours est atypique : une première moitié très technique, sur sentiers et dénivelé positif, puis une seconde partie plus roulante, avec davantage de route et de descentes.
Passer la mi-course est un soulagement… mais rien n’est jamais gagné.
Le jour se lève enfin. La pluie cesse.
Les sentiers restent inondés, les coureurs trempés jusqu’aux os… mais une nouvelle course commence.
Courir, marcher, alterner, jusqu’à la fin.
Une émotion particulière m’envahit en descendant les marches du Grapillon, laissant entrevoir le pont Pasteur.
La Halle Tony Garnier est là, mythique, ultime.
Franchir l’arche bleue… incroyable.
Première fois que je termine une distance bien au-delà du marathon. Mon plafond mental vient d’exploser.
Cette course m’a transformé. Oui, j’en suis capable. Et oui, je suis prêt à vivre d’autres aventures.
Un concentré d’émotions, de dépassement et de symboles.
Depuis, je n’ai raté aucune édition : 2021, 2022, 2023, 2024…
Chaque année, c’est mon pèlerinage. Un retour sur les lieux de mes débuts. Une routine. Une tradition. Une transmission.
Parfois seul, parfois entouré de Macadamiens ou de collègues que j’ai su convaincre.
Et vous ? Seriez-vous tentés ?